5 exemples de médiations phygitales

Quand les manip’ déclenchent du numérique !

Une médiation hybride, utile ou compliqué ?

Oui, il existe encore des moyens de créer avec le numérique dans les lieux d’exposition, sans attraper une migraine collé devant des écrans ou la nausée avec un casque de réalité augmentée ! C’est pour moi l’atout du phygital, ce mixe entre dispositif physique et digital, numérique. Plus doux, plus confortable, le numérique s’intègre alors agréablement et discrètement, comme par magie. Pas de gros câble visible, d’écran trop lumineux qui hypnotique les enfants ou de couleur criarde. Pour déclencher chaque étape le visiteur doit s’impliquer : cette nécessité d’interagir garde le visiteur en éveil. On déclenche soi-même une interaction surprenante voire impressionnante (son, lumière) mais sans être collé aux écrans, sans voir de câbles, sans appuyer sur un bouton : c’est une sensation de magie, sans intermédiaire technologique (visible) entre le visiteur et l’expôt. Associer d’un côté ce que la technologie numérique et digitale apporte, c’est-à-dire l’interaction, le son comme sorti de nulle part, la projection d’images, voire la pulvérisation d’odeurs, d’air chaud ou froid ; avec de l’autre côté la satisfaction d’une action manuelle, d’une construction ou d’une manipulation d’objet à la manière d’un jeu. Petit tour des expériences phygitales testes par Exposcope !

1-Un jeu de construction pour sensibiliser

Au Musée d’Histoire de Lyon (le MHL), un jeu de construction rappelant des jeux d’enfants sensibilise le visiteur aux enjeux écologiques. Un dessin plat figure un paysage vue de haut, avec des zones ombrées. Si le visiteur se munit des écouteurs positionnés à côté, il entendra la nature. A côté du dessin et des écouteurs, le visiteur peut se saisir de formes en léger relief : une autoroute ou une nappe de pique-nique, entre autres. Si le visiteur pose sur chaque ombre les pièces correspondant à ces aménagements, s’il réintroduit par exemple une autoroute ou une usine, des bruits viendront se superposer au son des oiseaux dans ses écouteurs. Par son action, puisque le visiteur est acteur, il modifie en temps réel l’environnement. Un moyen de rendre concrètes les nuisances sonores dues à l’exploitation de l’environnement fluvial ! Pour ce dispositif, le Musée d’Histoire de Lyon a fait appel à l’équipe d’Hémisphère, un atelier de dispositifs numériques. Jérémie Forge, développeur multimédia et interactif, nous précise que « pour ce paysage sonore il y a plusieurs technologies :

  • Un maintien des pièces avec des électro-aimants. Quand le jeu est fini, les électro-amants s’éteignent afin que les pièces retombent dans le bac.
  • Une détection des pièces avec des capteur à effet Hall (capteurs magnétique).
  • Une carte électronique bien spécifique, fait maison, est également à l’intérieur pour contrôler ces éléments et déclencher les pistes audio. ». Oui, pour garantir l’effet magique du phygital, il faut tout a de technologies invisibles derrière !
Une pièce aimantée au premier plan, et le fond sur lequel la poser.
Une pièce aimantée au premier plan, et le fond sur lequel la poser.

2-Un jeu d’association pour découvrir des métiers d’autrefois

Toujours au MHL, au centre d’un plateau, deux tableaux représentant les quais sont dressés dos à dos. Ces deux vues des quais offrent un aperçu de la vie et des nombreuses activités autour des fleuves. Sur le plateau devant eux, des creux. Les visiteurs, enfants mais pas que, doivent relacer la bonne embarcation devant le bon tableau, au bon endroit. Il s’agit d’identifier la fonction de chaque bateau peint sur les vues des quais de Lyon. Un bruit d’eau se déclenche lorsqu’on place les bateaux. Une fois tous les bateaux placés, c’est une piste audio qui se déclenche et présente la vie des fleuves, Rhône et Saône. On pourrait jouer sur un écran tactile, mais ici on regarde directement l’œuvre originale et sa matérialité pour chercher les indices. Le Musée d’Histoire de Lyon a là aussi sollicité l’équipe d’Hémisphère. Jérémie Forge nous indique qu’ici « les bateaux servent de contacteurs électriques basse tension, pour ainsi déclencher une piste audio sur un lecteur sur microcontrôleur développé par nos soins ».

Les détecteurs au fond des emplacements des bateaux
Les détecteurs au fond des emplacements des bateaux

3-Un mur magique en lieu et place d’un documentaire

Au Muséum National d’Histoire Naturelle, l’Âme en science avait conçu pour l’exposition Océans. Une plongée insolite un magic wall, un écran textile animé par une série de mini docs déclenche par reconnaissance corporelle. D’un point de vue technique, c’est un mur vidéoprojecteur qui a des capteurs, régissant à même l’électricité des cors des visiteurs. Cette projection à reconnaissance de mouvements se présente sous la forme d’un grand mur blanc orné de dessins : en bas du mur, quelques espèces animales, et sur le reste de l’espace, des petits schémas ou personnages. Des points jaunes projetés sur le mur s’allument par endroits. On est invité à les toucher au mur pour lancer une animation. On déclenche ainsi la projection de courts textes explicatifs et de vidéos. Pour avancer dans les explications, le visiteur doit régulièrement appuyer sur de nouveaux points jaunes. Le rendu est très doux : on touche un mur plutôt qu’un écran froid. On n’a pas mal aux yeux puisque cette grande surface n’a pas d’écran dont la lumière bleue aurait été agressive dans ces salles ombres. On se repère dans les explications, car si on est aux deux tiers du mur, c’est qu’on est aux deux tiers des explications.

Des projections animent un mur de dessins
Des projections animent un mur de dessins

4-Une initiation à un outil archéologique

Le musée national de la Marine de Paris expose de nombreux artefacts issus de fouilles sous-marines dans un module de son nouveau parcours. Juste à côté de la vitrine concernée, un grande table numérique figure une scène de fouille sous-marine carroyée. Le visiteur se munit d’un aspirateur à sable placé à côté de la table, pour aspirer le sable de l’écran et révéler des objets issus d’épaves. A défaut de manipuler des outils d’archéologie en situation réelle, le visiteur peut manipuler les vrais outils sans mettre de l’eau et du sable partout ! Niveau technologie, la table semble fonctionner par retour tactile.

5-Une lecture augmentée

Dans le parcours permanent du Muséoparc d’Alsia, dont on vous présentait ici la dynamique, on peut feuilleter les pages d’un faux livre, retranscrivant la Guerre des Gaules, textes écrit par un certain Jules César. Sur ce faux livre est projeté le texte de la Guerre des Gaules. D’un côté le texte en français, de l’autre le texte en latin, et en voix off la lecture. Au fur et à mesure que la voix lit, le texte se met en surbrillance dans les deux versions. Si on tourne les pages, on fait avancer la voix et le texte par reconnaissance de mouvement. On impulse soi-même le rythme de la piste audio, comme si on avançait dans un audioguide, mais sans toucher un outil de type audioguide. On supprime un intermédiaire entre le patrimoine et soi. La projection du texte sur un faux livre plutôt que sur un écran apporte aussi une ambiance plus incarnée. Côté technologie, un vidéoprojecteur situé en hauteur est piloté, là aussi, par un capteur à effets Hall, associé à un PC.

Tout ce qui n'est pas en caractères d'imprimerie s'anime lorsque le visiteur approche
Tout ce qui n’est pas en caractères d’imprimerie s’anime lorsque le visiteur approche

Et vous, vous êtes fan du phygital ? Quels exemples vous ont marqué ? Dites-nous tout en comm’ !

Edit : merci à Omer Pesquer et Elisabeth Gravil pour les suggestions de termes alternatifs au phygital que sont « dispositif hybride » ou « dispositif composite » ! 🙂

Pour aller plus loin

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