Cap sur l’inclusion au musée de la marine !

Bienvenue dans le nouveau musée national de la Marine de Paris : un projet de rénovation d’ampleur, qui inclut le maximum de publics !

Une nouvelle présentation

En cette fin d’année 2023, vous n’avez pas pu passer à côté de la réouverture du musée national de la Marine de Paris ! Dans cette nouvelle version du musée parisien, on découvre les fonctions de la marine (pêche, guerre, etc), de beaux tableaux, des maquettes de bateaux évidemment, du matériel pour se repérer, explorer, etc…

Le voyage visuel est très beau, d’autant plus que le parcours est agréable. Les assises sont nombreuses, pour un confort de visite optimal. Des bancs en bout de vitrine, devant de grands tableaux, des tabourets sur roulettes devant les tables de médiation… Les sens sont sollicités, de manière discrète : dans le hall une subtile fragrance marine vous accueille, en passant dans une vague, on entend le bruit de l’eau.

Concrètement, comment s’organise le parcours ? Une première partie est consacrée aux modèles de bateaux, une deuxième à l’art de se repérer en mer, le troisième à la sculpture navale liée au pouvoir, enfin la dernière partie est consacrée aux tableaux de Joseph Vernet. Sont aussi évoqués le le commerce et la consommation, les naufrages, et la puissance navale de la France. Un cabinet de cire se tient dans une petite salle fermée à mi-parcours du grand parcours ouvert. Ce cabinet se présente comme le cabinet d’arts graphiques du Louvre : un focus sur une technique, avec les matériaux et outils que l’on peut toucher. Okay, et en médiation, ça donne quoi ? Au menu : une médiation humanisée, une offre familiale et une offre inclusive. C’est parti !

La salle des tableaux de Vernet

Une approche humanisée via la variété des médias

La médiation passe par des textes, par des manip’ comme on va le voir après, et aussi par la présence incarnée de personnes reliées au monde de la marine. Plusieurs écrans numériques au format portrait et sous-titrés présentent des personnes qui expliquent leur métier : pêcheur, skippeuse, archéologue sous-marine… Des pistes audio reliées à des bornes personnifient aussi des points d’intérêt, grâce à des écouteurs branchés sur les bornes de textes. Le témoignage d’un écrivain évoquant son passage sur un paquebot plonge le visiteur dans l’ambiance de ces gros bateaux, par exemple. En fin de parcours, de manière fictive cette fois-ci, le peintre du XVIIIe siècle Joseph Vernet interpelle directement le visiteur et le guide dans un de ses tableaux avec les bruits des hommes qui s’activent à quai, les discussions des passants, le bruit des ouvriers, des animaux de travail…

Parcours famille et portrait de pêcheur

Les interactions ludiques et mixtes pour les familles

Un parcours famille se concentre en 7 stations, soit 7 focus sur les qualités nécessaires pour être capitaine. Le parcours se reconnaît à des drapeaux verts placés bas. Ces 7 qualités sont le prétexte à des jeux, plus ou moins simples : toute la famille y trouvera son compte. Ces jeux captent le public adulte, et on imagine aussi le public mal et non voyant. En effet, au-delà des interactions (ouvrir un tiroir, soulever une languette) on découvre un contenu pédagogique et sensoriel : l’odeur de bougie, le son du cuisinier qui est le seul à pouvoir siffler à bord, etc. Pour illustrer la curiosité du marin, un jeu sur une grande tablette tactile nous fait chercher dans le sable et sans l’eau des traces d’un naufrage. Ces traces, illustres dans un style très doux, sont en fait des objets exposés dans la vitrine juste à côté : une manière maline de nous en apprendre plus sur leur lieu de découverte, tout en s’amusant !

Jeu pédagogique sur le naufrage de Lapérouse

En complément du parcours aux drapeaux verts, les familles ont aussi accès aux pistes décalées, immersives et jeune public de la web app (on en reparle juste en-dessous), et à un sac de médiation sensoriel…dont on vous parlait déjà ici en avant-première ! Souvenez-vous : ce sac est autant destiné aux 3-5 ans qu’aux jeunes ayant un trouble du spectre de l’autisme. Car le musée a fait de l’accessibilité universelle un objectif global.

Regarde dans les jumelles : sais-tu sur quel bateau de la maquette tu te trouves ? (ou comment se repérer avec les phares)

Handicap et accessibilité universelle

Pendant ce temps de rénovation, la médiation a été pensée pour être inclusive. « Cette réflexion globale s’appuie sur une co-construction de l’offre avec une pluralité d’acteurs : enseignants, relais du champ social, publics en situation de handicap ou non, partenaires, prestataires spécialisés, etc. Durant la fermeture du musée, plusieurs comités d’usagers et tests ont ainsi été organisés pour vérifier la correspondance entre la future offre et les besoins des visiteurs.* ». Dès le début, dans le hall, une ligne podotactile guide les non et malvoyants vers le début du parcours. Ensuite, avant d’entrer dans l’espace d’exposition, un panneau invite le visiteur à se connecter au Wi-Fi du musée pour télécharger l’appli de visite : l’audioguide poétiquement dénommé la boussole. Sur cette web app, on peut suivre un parcours classique, en audiodescription, en FALC, un parcours enfant, décalé (quel bonheur de retrouver l’approche du Musée Saint-Raymond !) ou encore un parcours immersif, comme si on était guidé sur un chantier naval par un marin.

Table avec réplique tactile d’une oeuvre

Après les drapeaux verts, place aux drapeaux bleu cerise ! (enfin rouges quoi). Des tables de médiation en accessibilité universelle ponctuent le parcours, reconnaissables par ces drapeaux. Le but ? « Une même expérience sera ainsi ouverte à tous les publics, avec ou sans handicap ». Sur ces tables, un thème ou une œuvre est évoquée par différents moyens. Les approches variées permettent de capter différents profils de visiteurs en un même point. Sur la table de trouve un écran avec une audiodescription pour tous (français et anglais), une traduction en LSF (Langue des Signes Française), des textes et audios en FALC (Facile à Lire et à Comprendre) et des adaptations d’affichage pour les personnes dyslexiques. À côté de l’écran se trouve soit une reproduction d’œuvre agrandie, soit une manip’. Quel que soit le cas, la table est doublée de Braille. De mon expérience, c’est souvent un lieu convivial où plusieurs visiteurs découvraient ensemble, dialoguaient sans se connaître ! Il peut s’agir d’un focus sur une maquette de bateau, ou encore de fruits de mer à scanner comme au supermarché (l’écran délivre des infos sur la pêche, tandis que les non-voyants peuvent écouter la piste tout en touchant les crustacés et boîtes de conserve).

Une scéno de containers et une table accessible sur la pêche

Table accessible : scanne les fruits de mer comme à la caisse d’un magasin, pour en savoir plus sur leur pêche

Les différents modes de lecture des écrans accessibles

Dernier point fort concernant l’accessibilité, une bulle inspirée de l’approche Snoezelen a été « pensée initialement pour les publics en situation de handicap mental ou ayant un trouble du spectre autistique, la « Bulle » récif et du corail. ». Malheureusement fermée lors de ma visite, je n’ai pu que deviner les différents éléments : une lumière tamisée, des détails à toucher ou à sentir, et des sources e lumière variées, le tout pour apaiser et stimuler le visiteur. Je connaissais l’utilisation de la méthode Snoezelen dans des crèches, mais c’est une première dans un musée français !

En bref

Des interactions pour les familles, de nombreux dispositifs pour les personnes en situation de handicap, un audioguide hyper complet… Le musée rénové propose un parcours pas trop long mais bien complet, pour accueillir une multitude de profils !

Infos pratiques

Musée national de la Marine
Palais de Chaillot, 17 place du Trocadéro – 75 016 Paris

Pour aller plus loin

• *Communiqué de presse « Le musée national de la Marine s’engage pour une accessibilité universelle », mai 2023, page 3