Questionner l’actualité avec les archéocapsules

A la découverte d’une « flottille d’expositions itinérantes » !

Des capsules itinérantes

« Sans lieu permanent pour diffuser ses savoirs, l’Inrap [a cherché] à créer un nouveau format d’exposition qualitatif et mobile. »*. Mises en service en 2018, les archéocapsules sillonnent aujourd’hui la France. Les archéocapsules sont donc des expositions capsules : elles sont donc nomades et de petite taille. Itinérantes, elles sont prêtées aux musées, médiathèques, mairies, lieux de santé ou de sport, et autres lieux d’accueil bénéficiant d’une superficie de 40m2 minimum pour les accueillir.

Leur présentation est modulable selon la configuration des espaces disponibles, comme l’explique un livret d’astuces et conseils remis avec l’archéocapsule. « Configurée pour s’adapter à un espace de 40 à 200 m2, une archéocapsule se réduit à un volume d’1 m3 pour le transport et le stockage. Elle peut être montée et démontée en 30 minutes par deux personnes, sans expérience et sans outil. »** Au MuséoParc d’Alesia la capsule était présentée dans un espace dédié, à l’entrée du musée, comme une exposition temporaire classique. Mais c’est aussi possible sur un temps beaucoup plus court : au musée des Beaux-Arts d’Agen ce dispositif avait été installé pour les Journées de l’archéologie, au sein des collections archéologiques permanentes, et de même au Muséum National d’Histoire Naturelle pour un week-end à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.. Modulables, les capsules peuvent aussi servir d’introduction à une exposition temporaire créée par l’institution d’accueil, comme le centre d’interprétation du patrimoine Coriosolis et son exposition Chacun sa route en 2020, qui commençait par une archéocapsule.

Une capsule en cours d’installation
Une capsule en cours d’installation © Travaux Pratiques Inrap

Alessia Bonannini, chargée d’exposition à l’Inrap, a bien voulu répondre aux questions d’Exposcope quant au fonctionnement des capsules, et notamment leur processus de création : « L’Inrap produit les archéocapsules en maîtrise d’ouvrage propre : les capsules sont réalisées pour l’institution qui les met elle-même ensuite à disposition de lieux d’accueil du public. Chaque exposition dispose d’un comité scientifique différent (issu de l’Inrap) qui choisit les exemples à mettre en lumière, puis Claire Henneguez, rédactrice et moi nous attelons à la création des textes. Sont externalisés le graphisme et la fabrication matérielle. Toutes les expositions ont été conçues par David Lebreton, designer, et l’équipe créative de Travaux Pratiques à Paris ; elles sont fabriquées par l’Atelier face B, à Poitiers. ».

Une capsule au MuséoParc d'Alésia
Capsule sur Le monde des morts au MuséoParc d’Alésia

L’archéologie, le passé et aujourd’hui

Il existe une variété de thèmes d’expositions : l’alimentation, le monde funéraire, l’esclavage, ou encore l’alimentation. Chaque thème est décliné en plusieurs exemplaires voyageant simultanément. La flottille s’agrandit de deux expositions chaque année. Le point commun de toutes ces expositions ? Alessia Bonannini nous éclaire : « L’objectif de faire réfléchir, de mettre en perspective une question contemporaine éclairée par l’archéologie, et de donner une nouvelle image de l’archéologie ». Car l’archéologie a des choses à dire sur les sujets de société. Mais venons-en au cœur du sujet pour les férus de médiation : j’ai nommé les dispositifs !

Un cadre de médiation modulable

Pour chaque thème, l’Inrap décline sa charte de médiation bien définie. Dans les capsules, on découvre toujours 6 panneaux à monter, alliant texte et image. La composition est claire, toujours la même, pour faire passer un message efficacement : 6 exemples archéologiques, 6 illustrations, 6 questions contemporaines, le tout étayé de textes courts (« 700 signes pour les panneaux, et 300 pour les questions, encouragent la lecture »***). Ces textes doivent être accessibles à des collégiens…âge où le lecteur est préoccupé par d’autres sujets que l’archéologie ! L’enjeu de la médiation écrite est de trouver un équilibre entre un vocabulaire précis et non standardisé en assumant un certain style d’une part, et un texte accessible, narratif et captivant d’autre part. « Le plaisir de produire ces archéocapsules est dans le challenge de rédiger un texte pilier de réflexions, qui soulève des questions et ouvre le débat, mais qui n’est ni une passation de connaissances et de données pures, ni un texte simpliste et lissé. Tout est question d’équilibre plutôt que de normes. L’accessibilité du langage des mots est importante mais il n’est pas obligé d’être banal pour autant ! », nous confie Alessia Bonannini, chargée d’expositions à l’Inrap.

Capsule sur l’archéologie de l’esclavage colonial © Julien Lelièvre, Inrap

Les socles évidés en contreplaqué reprennent la couleur rouge du logo de l’Inrap, et un drapeau annonce le thème de l’exposition. En plus de ce code-couleur de l’Inrap, chaque capsule a une identité propre, puisque chaque archéocapsule est illustrée par un artiste différent. Pour compléter le pack des capsules, le lieu d’accueil reçoit des dépliants comme une exposition de papier, des cartes postales et un gabarit pour créer des affiches avec la charte graphique de l’exposition. D’autres petits plus s’ajoutent selon les projets : des dispositifs légers comme un quiz (façon éventails Les incollables), des médiations emportables sous forme de cocottes à devinettes, des coloriages dont chaque page reprend une illustration issue d’une frise chronologique…

Un des coloriages à emporter chez soi, au MuséoParc d'Alésia
Un des coloriages à emporter chez soi, au MuséoParc d’Alésia
Découpez votre cocotte pour découvrir l'archéologie !
Découpez votre cocotte pour découvrir l’archéologie !

Envie de tenter l’aventure ? Le prêt s’élèvera à… 0€ ! Seul le transport est à la charge de l’emprunteur. En effet, la mise à disposition de l’archéocapsule est gratuite pour garantir les missions de service public de l’Inrap. Le but de faire circuler ces expositions est d’apporter de la visibilité aux enjeux de l’archéologie, pour ensuite déclencher d’autres médiations, colloques et événements.

En bref

L’archéocapsule, c’est une exposition-dossier qui fait des ponts entre l’actualité et l’archéologie, avec une médiation écrite exemplaire. Deux nouveaux thèmes d’actualité seront disponibles en 2024 : climat & paysage, et sport ! Si vous souhaitez accueillir une exposition, rapprochez-vous des chargés de développement culturel en région, mais attention, le planning de location se remplit vite, avant même la sortie des nouvelles capsules 😉

Merci encore à Alessia Bonannini, chargée d’exposition à l’Inrap,
qui a bien voulu répondre aux questions d’Exposcope !

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