Monstres, mangas et Murakami, ou la médiation enfant au service de tous

Je vous ai raconté ma précédente visite au Musée en Herbe avec un enfant. Cette fois j’y retourne sans enfants, l’occasion de se questionner : en quoi la médiation à destination du jeune public bénéficie-t-elle à un plus large public ?

Bienvenue au Japon

Le 7 février dernier, le Musée en Herbe ouvrait sa nouvelle exposition : Monstres, mangas et Murakami, une plongée dans le monde japonais, entre kawai (mignon) et kowai (effrayant). A partir du monde de Takashi Murakami, le musée vous invite à la découverte des monstres japonais. Des chefs-d’œuvre sont au rendez-vous : Murakami bien sûr, mais aussi ses sources d’inspiration (c’est comme ça qu’on se retrouve nez à nez avec une sérigraphie d’A. Warhol).

L’exposition commence par la présentation de Takashi Murakami, puis de ses séries : les fleurs pop et kawai, puis de petits robots un poil dérangeant… Ces séries font le lien avec la culture japonaise, notamment les petits monstres japonais que sont les yokai. On découvre leur représentation depuis le folklore japonais jusqu’aux mangas actuels.

Côté scénographie, j’ai apprécié la dernière salle aux couleurs douces, où une grande fresque est présentée à côté d’un cerisier en fleur (malheureusement je n’ai aps de photo très parlante). Et je trouve les textes de salle toujours aussi clairs, très courts et écrits en gros caractères.

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Des textes lisibles et concis

Quelques outils de médiation pour le jeune public

Comme pour l’exposition Ateliers à la loupe, on nous remet en début de parcours un livret : livret adulte, ou livret enfant (deux livrets enfants sont prévus, selon les tranches d’âge). J’ai opté pour le livret adulte, accompagné du « Livret de chasseur de monstres« , pour collecter les talismans protégeant de méchantes créatures.

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Flyer et livret-jeux (à gauche)

Une fois en salle, on compte environ un point médiation par section. Un pan aimanté permet de créer sa fleur façon Murakami, plus loin on sent une fleur, on observe avec des jumelles grossissantes certains détails… Les animations sont plus ou moins traditionnelles, du coussin péteur au coin lecture. A noter : le numérique a une place bien timide, puisque le seul écran est en retrait dans la dernière salle. Pour éviter d’hypnotiser les enfants ?

Pour une revue de l’exposition sous le prisme de la famille et du jeune public, je vous conseille l’article du blog Môm’art qui suit : Monstres & co au Musée en Herbe. Ici sur Exposcope, je vous propose une approche complémentaire : non pas du point de vue enfant, mais du point de vue adulte.

Laissez-moi vous expliquer. Lors de ma première visite au musée, j’étais en famille. La présence d’un enfant étant un bon prétexte pour découvrir ce musée, qui me faisait de l’œil mais que je pensais exclusivement tourné vers les tout-petits. Que nenni ! Je vais tenter de vous montrer que ce musée et cette exposition sont pour tous, et que la médiation à destination du jeune public ne se limite pas aux enfants exclusivement.

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Détails grossis sur des cartes ou par des jumelles

« Pour les enfants, mais pas que »

Télérama déclare au sujet de cette exposition qu’elle est « pour les enfants, mais pas seulement », sans pour autant nous expliquer en quoi elle peut s’adresser aux plus grands. En quoi les éléments de médiation créés pour des jeunes peuvent servir efficacement les plus grands ?

Premier point, le Musée en Herbe démystifie l’art. Si Murakami a été exposé à la Fondation Louis Vuitton (2018), et avant cela à la Fondation Cartier (2002), je ne découvre l’artiste que par le Musée en Herbe…dont l’aura est moins imposante, moins intimidante. Le Musée en Herbe, en mettant le propos de ses expositions à portée d’enfants, affirme que de grands artistes contemporains ne sont pas que des créateurs de concepts difficiles à saisir.

Autre point, le musée aiguise le regard, quel que soit l’âge du visiteur. Alors que l’adulte a le réflexe de chercher le texte à tout prix, à lire le cartel ou à butiner de tableau en tableau, ici la médiation amène  à regarder plus en détail les œuvres, en prenant le temps. Par exemple, la fleur odorante évoquée plus haut. Elle est disposée à côté d’une œuvre riche de nombreux petits détails, au milieu desquels on trouve une pivoine, symbole de force protectrice au Japon. Sans l’invitation à sentir une pivoine à côté de l’œuvre, je n’aurais jamais vu la fleur au milieu des autres éléments colorés !

De même, toujours pour cette série d’œuvres foisonnantes, on propose de regarder l’oeuvre à travers des jumelles, ou de retrouver un détail dans l’oeuvre qui a été reporté et agrandi sur une carte (au passage, c’est le principe du #MuséoTicket que j’aime bien !). Je pourrais encore parler du jeu des sept différences du livret-jeu, qui s’est avéré plus complexe qu’il n’y paraît : il a fallu scruter chaque recoin de l’oeuvre, donc je connais maintenant assez bien la structure du tableau d’Aya Takano (pour les curieux, il s’agit de Queen of the Continent of Mu).

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La pivoine, symbole protecteur

Maintenant à vous de jouer ! J’espère que mon article vous aura donné envie de découvrir l’exposition, et permis de considérer la médiation enfant comme un atout pour tous les publics d’un musée. Besoin de plus d’arguments ? Ma revue de l’avant-dernière exposition du musée est toujours disponible sur cette page 😉

Infos pratiques

Le Musée en Herbe est ouvert tous les jours de 10h à 19h, et l’exposition est présentée jusqu’au 2 septembre. La vidéo de présentation et les informations complémentaires sont à retrouver sur le site web du musée.

Pour aller plus loin

-Anthonin Gratien, Télérama, « « Monstres, Mangas et Murakami », la pop culture japonaise s’expose au Musée en herbe », février 2019
-Sophie, Môm’art, « Monstres & Co au Musée en Herbe »

Bonus : voici sur cette page une activité pour créer des fleurs à la Murakami en famille, activité que j’ai repérée en préparant cet article.

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