La Cité du Vin, très numérique dans son parcours permanent, propose de chouettes expositions dont il était temps de vous parler !
Cet été, L’exposition Boire avec les dieux nous éclaire sur le lien entre Dionysos et le vin. Le parcours nous présente la vie de Dionysos, dieu du vin ; la manière d’honorer le dieu, les représailles ou les bienfaits qui en découlent ; les voyages du dieu ; les banquets et la manière de boire, etc.
La scénographie claire pare l’espace d’exposition de nuances de bleu. Des tissus semi-transparents créent des effets de surprise et de voilé/dévoilé. Si vous avez prévu de faire cette expo, passez ce paragraphe pour garder l’effet de surprise ! Les tentures sont disposées en cercle, pour créer de petits espaces comme des cocons, ouverts en certains endroits seulement. Au fur et à mesure que vous progressez dans l’espace, vous vous approchez de l’ouverture qui vous dévoile des terres cuites à un endroit, un espace de médiation plus loin, ou encore en fin de parcours… une réplique de l’ENORME cratère de Vix ! L’effet de surprise est parfait, on se retrouve sans l’avoir vu venir devant un contenant de plus d’un mètre cinquante de haut. Plus de mille lires de contenance, rien que ça !
A mi-parcours, une des alcôves de tissu joue de l’effet cocon pour proposer un coin audio reposant. Des poufs sont disposés à côté de douches sonores qui diffusent les mythes dionysiaques. Ces mythes sont lus en français ou en anglais, selon le pouf sur lequel on s’assoit. Ce petit espace, à part, offre un moment de détente bienvenu pour les familles.
Autre point que j’ai apprécié avec cette scénographie de tissu : la forme circulaire des tentures répond à la forme des contenants globulaires antiques. Ainsi, le décor de quelques centimètres d’un vase est reproduit en version agrandi tout autour sur les tissus. Une photo vaut mieux qu’un paragraphe pour vous montrer comment le décor est déroulé.
Un souffle contemporain dans un parcours classique
Cette exposition traite d’un sujet classique, la mythologie gréco-romaine, de manière didactique mais aussi renouvelée. Le propos scientifique est doublé d’un parcours contemporain. A côté des terres cuites, bas-reliefs et mosaïques antiques, le parcours fait cohabiter des créations contemporaines, des captations vidéos, des contes sonores… La Cité du Vin a commandé des œuvres à trois artistes contemporains bordelais, autour de trois thèmes qui leur ont été proposés. Les trois artistes ont créé leurs œuvres sur place. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux de la Cité du Vin ou disponibles ici montrent d’ailleurs l’avancement des projets.
Le collectif Monkeybird traite le mythe d’Ampélos (amant de Dionysos) en un triptyque de papier découpé et pochoir. A mi-parcours, Delphine Dellas aborde les voyages de Dionysos par une broderie, une fresque peinte et une proue de navire en tissu peint. Enfin, Rouge interprète les fêtes des Anthestéries par trois terres cuites à figures noires contemporaines, sur fond de papier découpé, le tout dans une ambiance sonore. Le son sort de ces trois terres cuites, c’est assez chouette de voir les vases grecs détournés de cette manière !
Des cartels vivants
Sans que la forme soit différente de ce qui est proposé habituellement, les cartels de l’exposition m’ont plu pour leur ton accessible. Le propos scientifique est bien présent, mais rendu plus digeste par un peu d’humour (ne me dites pas que les rédacteurs des cartels ne pensaient pas à Stromae lorsqu’ils ont titré Alors on danse un de leurs textes), des questions rhétoriques, des points d’exclamation, etc. Le tout rend plus vivant un cartel scientifique, auquel on prête alors plus attention. Lorsqu’il s’agit d’art contemporain, les artistes eux-mêmes participent à la création des cartels, pour fournir le contenu mais aussi leur composition. L’exposition est en effet assez visuelle : les cartels des créations contemporaines sont illustrés pour expliciter la composition des œuvres. Un mur de dessins présente les fonctions des contenants grecs : le rêve pour tout étudiant en antiquité grecque ! Et l’idée que j’ai beaucoup aimée : dès l’entrée de l’exposition, une carte géographique place tout de suite lieux de provenance des œuvres phares de l’exposition, en parallèle des zones de voyage du dieu du vin.
Oui au livret-jeu !
« Joue avec les dieux » est un parcours créé pour les 8-12 ans. Le livret-jeux est accompagné de pastilles collées sur les cimaises, pour identifier les œuvres commentées aux enfants. Le livret est bien mis en valeur avant d’entrer dans l’exposition, le graphisme du document est clair et fait écho à la scénographie. Il manque peut-être à mon goût de détails amusants pour attirer l’œil des enfants. S’il donne l’impression qu’il y a beaucoup de texte, en fait le texte est simplement écrit gros, avec des phrases courtes et simples, très didactique, qui donnent les clés au parent lecteur pour accompagner leur enfant. Les mots compliqués sont mis en gras et expliqués à la fin. Parmi les jeux proposés, il y a des jeux d’observation, de mime, de dessin, de mots croisés, etc. La bonne idée : la première page du carnet est super didactique, elle permet de comprendre les expositions en général et pas seulement l’exposition Boire avec les dieux. En une simple double page, on découvre ce qu’est un cartel ou encore un scénographe. En dix lignes grand maximum, on découvre le lien entre Dionysos et le vin. On nous rappelle aussi que les enfants ont le droit de visiter à leur rythme !
En bref
Une expo très agréable, accessible aux enfants (malgré son thème) grâce à une médiation tout public efficace. Vite, il ne vous reste plus qu’un mois pour découvrir cette exposition !
Infos pratiques
Jusqu’au 29 août, de 10h à 18h
134 Quai de Bacalan – 33300 Bordeaux
Mise en place de l’exposition, interviews d’artistes, livret-jeux à télécharger, et plus encore à retrouver sur cette page !
Exposcope 