Absolutely Bizarre ! (33)

Connaissez-vous l’École de Bristol ? La galerie des Beaux-Arts de Bordeaux se penche de manière ludique et inclusive sur ce groupe d’artistes réunis en Angleterre vers 1800-1840. Let’s go !

Avant de parler médiation, posons le décor. L’exposition Absolutely Bizarre ! développe sur trois étages l’école de peinture de Bristol. Cette ville a de nombreux points communs avec Bordeaux : ville portuaire au passé colonial, très marqué par l’essor du XVIIIe siècle, à l’Ouest du pays… L’histoire de cette ville résonne particulièrement avec Bordeaux : c’est une porte d’entrée vers cette ville moins médiatisée que Londres. La richesse de l’exposition tient au fait qu’elle aborde différents aspects de cette école de peinture. Au sein des grands thèmes de l’exposition (peinture de paysages, scènes de genre, goût du sublime), on dépasse les genres picturaux pour traiter d’art de différentes manières. On fait du tourisme Outre-Manche dans la topographie des paysages de Bristol, on apprend la technique du dessin et de l’aquarelle étape par étape, on découvre les grands projets d’architecture de l’époque… En sortant de l’exposition, on n’a pas juste vu de belles œuvres et découvert de nouveaux artistes : on a aussi voyagé dans les rues et les paysages de Bristol et fait des ponts entre l’histoire de deux villes européennes. Mais bon, on a quand même vu beaucoup de peintures magnifiques aussi ! Voici un petit florilège des œuvres qui m’ont le plus captivée.

Vue de l’Avon depuis Durdham Down (James Baker Pyne) - Une scène à Leigh Woods (Francis Danby) - Queen Square (Thomas L. Rowbotham) - Coucher de soleil sur la mer après une tempête (Francis Danby)
Vue de l’Avon depuis Durdham Down, James Baker Pyne – Une scène à Leigh Woods, Francis Danby – Queen Square, Thomas L. Rowbotham – Coucher de soleil sur la mer après une tempête, Francis Danby

Ce n’est pas la première fois qu’on vous parle de la galerie des Beaux-Arts sur le blog (ici ou ). Les expositions sont à la fois pointues d’un point de vue scientifique (on apprend plein de choses !) et en même temps très accessibles, notamment pour les familles. En termes de médiation, les expositions qui retiennent le plus l’attention d’Exposcope sont souvent les plus complètes : celles qui s’adressent à tous, de manière accueillante et fluide. Justement, l’accessibilité est toujours plus travaillée à la galerie des Beaux-Arts. Les deux expositions de l’année britannique (c’est-à-dire cette exposition ainsi que British Stories) sont accompagnées d’un livret en FALC. Si une des salles a de la moquette, et on sait que la moquette n’est pas l’idéal en fauteuil (Laetitia nous en parlait ici), l’accès PMR est bien assuré : le musée prête des fauteuils roulants, l’entrée est de plain pied et le reste est desservi par ascenseur.

A plusieurs ou en solo

La médiation est pensée de manière complète : elle peut s’adresser aux enfants, aux adultes, aux personnes handicapées mentales grâce au FALC, à ceux qui aiment jouer à plusieurs, aux créatifs solitaires ou à ceux qui préfèrent un parcours classique. Un jeu de l’oie revisite le propos scientifique de l’exposition aussi bien pour les familles que pour les groupes d’amis, quel que soit l’âge. Ce dispositif gagnant avait déjà été adapté à la galerie des Beaux-Arts lors de l’exposition La passion de la Liberté. Les jeux de société adaptés au musée, ce peut être un bon moyen d’apporter des touches de pédagogie pour tester ses connaissances acquises au cours de l’exposition. Ici par exemple, le jeu est placé en fin de parcours. Vous incarnez différents peintres qui s’opposent lors d’un concours, le but étant de remporter une commande artistique. L’espace de la galerie des beaux-arts est assez grand pour proposer à la fois une exposition classique et des espaces ludiques, au rythme plus dynamique comme ici.

Jeu de l'oie en fin de parcours
Jeu de l’oie en fin de parcours

Si vous n’êtes pas en groupe ou que vous n’êtes pas très porté sur les jeux, un autre dispositif est fait pour vous. Glissez-vous dans la peau d’un artiste britannique du XIXe siècle grâce au nécessaire de dessin fourni par le musée ! L’école de Bristol se réunissait en plein air pour peindre sur le motif des esquisses aquarellées. Le musée fournit donc du papier, des planches et des crayons pour copier les tableaux exposés. D’un côté le matériel propre, de l’autre le matériel utilisé, et entre les deux, du gel hydroalcoolique est bien sûr proposé. Mais avant de vous lancer, le musée vous présente de manière pédagogique le matériel de l’aquarelliste ainsi que le pas-à-pas pour peindre une esquisse. Ensuite, à vous de jouer et de dessiner votre esquisse ! Je suis une grande fan de ce genre de dispositif, qui permet de prendre le temps d’observer chaque détail d’une œuvre avant de tenter de la reproduire. C’est un moment de détente et de loisir, mais aussi une forme de pédagogie : on apprend à connaître l’œuvre par ses formes, et on s’exerce à dessiner sur le motif comme les artistes. D’ailleurs, un article sur le dessin au musée, ça vous dirait ?

Vitrine sur les étapes d'un dessin aquarellé, et matériel à disposition pour dessiner
Vitrine sur les étapes d’un dessin aquarellé, et matériel à disposition pour dessiner

Jouer avec les cartels

Les familles sont bienvenues au musée. Je vous ai parlé du jeu de l’oie, mais il y a aussi un coin lecture (livres adultes et enfants) ainsi qu’un parcours écrit pour le jeune public. Très bien fait, ce parcours intéressera aussi bien les enfants que les parents lecteurs, ou même les adultes curieux : toute la famille y trouvera son compte, et même les visiteurs adultes individuels. En fait, les cartels enfant sont complémentaires des cartels classiques : il s’agit de proposer une autre approche, complémentaire, plutôt que de juste simplifier les cartels adulte.

Les cartels ont une trame commune qui se divise en deux parties. A gauche le musée propose un jeu d’observation très simple et efficace. Des illustrations reprennent de manière stylisée un détail des tableaux : à vous de les retrouver dans l’image originale. Une courte phrase vous apprend ensuite ce qu’est ce détail. A droite du cartel, des textes clairs attirent votre attention sur différents aspects de l’œuvre commentée. Un paragraphe (350 signes max) équivaut à un point d’intérêt du tableau, qu’il s’agisse d’expliquer un fait sociologique, historique, anecdotique ou autre. Les titres des paragraphes permettent de tout de suite saisir le propos, et de sélectionner si besoin les infos que l’on veut lire en priorité. Courts, visuellement clairs, intelligibles par des enfants, et à la fois riches par leur approche multiple des œuvres, ces cartels jeune public sont un grand succès !

Sarah Choux, médiation au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, a répondu à mes questions concernant les cartels enfant. « Les cartels visent les enfants lecteurs, ils ont été pensés en se mettant à la place des enfants afin de délivrer le niveau d’informations adéquat. » Le choix des œuvres du parcours enfant « a été confié à l’équipe de médiation, de même que la rédaction des cartels, qui ont ensuite été relus et validés par les commissaires du musée des Beaux-Arts et du musée du Louvre ». Les équipes de médiation et de conservation du musée des Beaux-Arts travaillent d’ailleurs de plus en plus de concert : « pour chaque exposition, il y a un référent médiation, qui assiste aux réunions-clés du projet ». En tant que professionnelle de la médiation, je ne peux qu’être 100% emballée !

Exemple de cartel enfant
Exemple de cartel enfant
Détail du tableau "La Cérémonie de pose de la première pierre du pont suspendu de Clifton 1836", Samuel Colman
Détail du tableau La Cérémonie de pose de la première pierre du pont suspendu de Clifton 1836, Samuel Colman

Exposition d’Intérêt National

L’exposition a reçu le label Exposition d’Intérêt National (EIN) du Ministère de la Culture. Concrètement, comment ça marche ? « Le musée a initié la demande de label, qui est accordé en fonction de la pertinence du propos scientifique et de l’innovation de la médiation. Par exemple, cette exposition présente pour la première fois l’école de Bristol et enrichit ainsi la recherche scientifique. ». Les retombées du label pour le musées sont surtout financières, grâce aux subventions. Merci encore à Sarah Choux, médiatrice au musée, d’avoir bien voulu répondre à nos questions !

En bref

Un label Exposition d’Intérêt National couronnant une exposition riche, dynamique et accessible !

A voir aussi aux Beaux-Arts

La saison britannique se poursuit au musée des Beaux-Arts avec une deuxième exposition, British Stories, et toute une programmation super alléchante : visite contée en anglais pour les enfants, lecture pour adultes,… Ça bouge aussi dans le parcours permanent, avec le nouveau parcours de médiation du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Le sens du détail. Dix détails très zoomés d’œuvres phares des collections du musée ont été disséminés dans les salles, reproduites par l’artiste Ronan Charles avec les mêmes supports et matériaux que l’œuvre d’origine. Autorisation de toucher pour les malvoyants et non-voyants ! Attention : détails et œuvres ne sont pas côte à côte. À vous de jouer pour les retrouver en explorant les salles ! (dispositif adapté aux petits comme aux grands)

Infos pratiques

Absolutely Bizarre ! Les drôles d’histoires de l’École de Bristol (1800-1840)
Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux
Place du Colonel Raynal
33 000 Bordeaux

Juin – octobre 2021
Tous les jours sauf le mardi, 10h – 18h

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